Eglise et terril d'Haillicourt, aquarelle sur papier au format 40cm sur 50cm. « Vin de terril »
On vient de planter des vignes sur un terril du Pas-de-Calais... L’idée semble bonne et pourrait même faire des petits... Croyez-moi ou pas, mais vouloir faire du vin sur des terrils dans le
Pas-de-Calais, c’est une sacrée bonne idée… Y avait déjà la bière du ch’ti, rendue célèbre par Dany Boon… Y aura bientôt le blanc du ch’ti… Avec peut-être, ce sont les techniciens qui le
supposent, un petit arrière-goût de charbon qui pourrait bien lui donner son caractère… Ah, si Pierre Bachelet était encore là, il pourrait nous recomposer son hymne
régionaliste… Au nord, c’est les vignerons… La terre, c’est du sauvignon… Sauf que c’est pas du sauvignon, qu’on a planté à la mi-mars sur le terril d’Haillicourt, mais du chardonnay… C’est le
cépage le plus répandu au monde et on pense qu’il saura s’adapter sur un sol a priori plutôt inhabituel comme celui d’un terril…
J’entends déjà se gausser ceux qui savent tout, qui ont davantage d’œillères que tous les partants réunis d’une course à Vincennes et pour lesquels un vin ne saurait se concevoir en dehors des
grandes régions de tradition viticole… Qui, soit dit en passant, ne produisent pas toutes que des merveilles, je peux vous le dire… Du vin dans le nord, après tout pourquoi pas ? On fait
bien du vin à Montmartre, au beau milieu de la pollution urbaine… Bon et puis un tiers d’hectare, ça fait environ 3.000 bouteilles à produire… C’est pas ça qui va aggraver la crise de
surproduction que traverse la viticulture depuis pas mal d’années…
Ca devrait surtout servir de modèle à la reconversion des sites industriels dont on se demande ce qu’on pourra bien en faire plus tard, quand
ils auront fini de rendre service, comme les mines de charbon du Nord Pas-de-Calais en leur temps… Ca ne vous a pas échappé qu’en ce moment, le grand débat énergétique tourne autour du nucléaire…
Vous savez qu’on va vérifier une à une toutes nos centrales et d’ici à ce qu’on décide d’en fermer un petit paquet parce qu’on s’apercevra qu’elles sont hors d’âge, y a pas loin… Seulement voilà,
qu’est-ce qu’on va faire des sites une fois qu’on les aura mis au rencart ?
Le terril d’Haillicourt apporte la réponse… Du vin… Comme le nucléaire, c’est typiquement français… On rase les bâtiments, on démolit les cheminées, on évacue les gravats, on laboure la terre en
profondeur et on plante… Avec deux gros avantages sur de la terre nucléaire… On peut réduire le nombre de pieds de vigne, parce qu’avec des grains de raisin de la taille d’un ballon de foot, il
faudra trois ou quatre fois moins de pieds pour obtenir les mêmes rendements… Et on compensera en faisant au moins trois, sinon quatre vendanges pas an… Evidemment, vous n’êtes pas obligés de me
croire…
France-Info : Chronique de Jean-Pierre GAUFFRE – 31 mars 2011